Rue de Rome sur le divan - article publié le 27 avril 2006
Rue de Rome,
un roman de Pomme Jouffroy
Saint-Benoît-sur-Loire : point de départ de Valéry
Rue de Rome sur le divan
Jeudi 27 avril à partir de 18 h. La librairie Le Divan et les Editions Des femmes-Antoinette Fouque vous invitent à rencontrer Pomme Jouffroy à l'occasion de la parution de son ouvrage Rue de Rome.
Librairie Le Divan
203, rue de la Convention
75015 Paris
Métro : M° Convention
- Res nullius, le troisième roman de Pomme Jouffry (éd. des Femmes, mai 2007)
Impressions (Michel Renard)
Impressions
Rue de Rome est un roman surprenant. Construction à la linéarité malmenée, identification parfois confuse du narrateur, tension du récit qui lui donne un côté bouillonnant... On songe à Lawrence Durrell, à ces destins entrelacés et dédaléens. Il faut dire que les paternités littéraires, susceptibles de l'avoir couvé par de tortueux cheminements, pourraient aussi bien être Mallarmé qui habita, précisément, rue de Rome assez longtemps et y tint salon, mais encore Max Jacob fidèle de Saint-Benoît-sur-Loire d'où semble provenir la Valérie qui veut devenir luthière.
On meurt, dans le roman de Pomme Jouffroy, d'une dissection aortique. Mallarmé d'un spasme du larynx.
"La Loire, l'eau visqueuse et jaune tourbillonnait en suçant les piles du pont sous le parapet où je m'étais accoudée pour digérer mon audace : luthière à Paris (...) Le risque avec la Loire, comme les vieux d'ici quand ils n'en peuvent plus de la vie, ils vont en Loire, on retrouve leur cadavre quelques kilomètres en aval, ne pas pas arriver à nager. Se tromper, boire la tasse, mais voilà il faut bien prendre le risque. En principe je flotte."
On dira ce qu'on veut, moi, cette évocation de la mort, cela me conduit à Max Jacob :
"J'attends la paix du soir dans tes plaines fertiles,
Orléanais ! faucille oubliée sur les champs
La Loire est l'éternel emblème des durs travaux d'Adam".
Et la lutherie semblait plutôt appartenir à la catégorie des "durs travaux d'Adam" :
- "Qu'est-ce qui t'a pris de vouloir faire ce métier ?" Oui, qu'est-ce qui lui prend ? Qu'est-ce qui lui prend aussi d'adopter Air du temps de Nina Ricci ?
Michel Renard
violon Vuillaume
- Rue de Rome, Pomme Jouffroy, éd. des Femmes, 2006
- Tu cois qu'il y en a beaucoup des petites bonnes femmes qui s'en vont à Paris pour devenir luthier ? Serre-toi contre moi, ma douce, je sens ta fraicheur. Dis-moi, y en a-t-il un seul qui t'ait fait jouir ? Alors comme ça, tu répares les violons ? Ça rend habile, j'imagine tes mains qui courent sur le bois, je les sens déjà, je sens ton odeur.
Ce soir près des douves, je chercherai la sienne, quand j'étais petite, je passais à côté de lui juste pour le sentir, par-dessus celle des chevaux, un parfum d'homme, une essence dominante. Le visage sur sa poitrine, libre.